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   Les origines du Château de Costacciaro
   

2006  

Les origines de Costacciaro

extraits de la Conférence

 de


 Fabrizio Cece

Costacciaro, 01 Septembre 2006

  Imprimerie Tip. Eugubine Gubbio-Août 2006

 

NB: extrait tiré du texte, concernant l' origine du Château de Costacciaro, avec l'autorisation de l'auteur.

 

 

 


Les origines du Château de Costacciaro

   Comme on le sait, le Château de Costacciaro,fut fondé par la commune de Gubbio vers la moitié du XIII° siècle. Mais la documentation que nous avons pu obtenir, ne nous a pas permis d'établir si la construction du lieu fortifié (castrum), est d'époque, ou si de nouveaux matériaux plus récents ont été utilisés pour son édification. Donc la question se pose encore. Pour mieux encadrer cette période historique,ou du moins, essayer de comprendre les raisons qui poussèrent Gubbio à construire Costacciaro, nous allons résumer brièvement la situation, à savoir pourquoi se fut-elle retrouvée, vers le milieu du XIII° siècle, en relation avec la commune de Perugia, qui depuis toujours,empêchait les Eugubini, de s'étendre au-delà de leurs propres confins, ou vers ceux de leurs plus ou moins alliéspériodiques(Cagli,Sassoferrato,Gualdo,Nocera). 
   Déjà au XII°siècle, l'histoire du développement de la commune de Gubbio apparaît étroitement liée à celle de Perugia. Remémorons-nous brièvement le conflit contre les onze "cités" ennemies, rapporté par le bienheureux Giordano, dans "Vita di Sant'Ubaldo", mais au sujet duquel, encore à ce jour, il n'a été découvert aucun document; s'ajoute à ceci, l'acte du 28 février 1183, qui ne mentionne pas les raisons pour lesquelles Gubbio était soumise à Perugia. 
   Nonobstant cela, grâce à la politique fil impérial, adoptée peut-être plus par nécessité pour contrecarrer en quelque sorte le joug perugino, que par intime conviction, Gubbio retourna très vite en possession de sa propre autonomie, donnant en même temps naissance à une notable expension urbaine et territoriale, si bien, qu'elle contraignit Cagli à faire acte d'allégeance en 1199.
   Les visées expansionnistes de Gubbio, surtout vers Nocera et Fossato, eurent pour conséquence immédiate, d'exacerber à nouveau les rapports avec les perugini. En 1216, plusieurs seigneurs féodaux de la frontière sud, soumirent à Perugia leurs propres châteaux, sur lesquelles, pourtant, Gubbio disait revendiquer certains droits. La réaction eugubina fut immédiate, et quelques uns de ces lieux fortifiés furent assaillis, endommagés et détruits. La guerre avec Perugia fut inévitable, et pourtant pour Gubbio, elle se résolut par une sentence vraiment néfaste, promulguée en 1217 en commun accord, directement par le podestat de Perugia! Pour Gubbio, il ne fut plus possible de concevoir une quelconque expansion vers les confins perugini, c'est-à-dire au sud-est et au sud-ouest de son district. Force fut dès lors de s'orienter vers le nord, et surtout le nord-est, c'est-à-dire en direction d'un endroit où il n'existait aucune ville puissante comme Perugia.  Mais au contraire, on y trouvait des territoires dépendants -directement ou indirectement- de Cagli,de Sassoferrato et, surtout, de l'Ermitage de Fonte Avellana. Les simples seigneurs féodaux laïques, en outre,pouvaient être justement "convaincus" de céder leurs propres biens par des accords opportuns. C'est ce dernier point qui, en 1234, fut à l'origine de la fondation du château de Pergola.

   Entre les années trente et les années cinquante du XIII° siècle, la commune de Gubbio initia une véritable et propre phase de pénétration vers Flaminia et le territoire des Marches. En un peu moins de trente ans les eugubini fondèrent ou, dans au moins un cas, consolidèrent les châteaux de Pergola (1234), Cantiano et Colmatrano (1235), Serra Sant'Abbondio (ca.1257) et Costacciaro (1258-1263). Durant la même période,  obtinrent, en outre, les allégeances de Montesecco (1250),l'acquisition de Fossato (1251),et-semble-t-il, de Sigillo, Scheggia qui,depuis un certain temps, gravitait dans le district territorial eugubin (1163, charte de Frédéric Barberousse).
   Par contre, après la période fil impérial durant le règne de Frédéric II ( mort en 1250),Gubbio fut contrainte par les circonstances à affronter une nouvelle fois, --et ce ne sera pas la dernière dans les rapports difficiles qui caractérisèrent ces deux communes durant une bonne partie du moyen âge--,Perugia (1256-1259); et le conflit se conclut de nouveau par la victoire du Grifo.
   Quelques années après, à la suite du passage définitif de Gubbio dans l'orbite ecclésiastique, la cité eut le moyen d'expérimenter la bienveillance des Papes Urbain IV et Clément IV lesquels, parmi les différents bienfaits, confirmèrent aux eugubini la possession des châteaux édifiés peu de temps auparavant.
   On établit la construction de Costacciaro durant ce que l'on peut appeler la deuxième phase d'expansion de Gubbio vers le versant nord-est, où les possessions des Avellanti de Santa Croce étaient plus nombreuses. L'abbaye de Sant'Andrea dell'Isola dei Figli di Manfredo, dont l'histoire mériterait d'être reconstituée en détail, dépendait des bienheureux de Fonte Avellana, dont le contrôle s'étendait à de nombreuses églises, châteaux et noyaux habités jusqu'aux portes de Pergola. Gubbio dans son travail d'expansion, put compter aussi sur le consentement tacite, sinon sur la connivence, de l'évêque du diocèse, désireux lui aussi, d'enlever aux Avellanti, terres, âmes et décimes. En fin de compte, on peut affirmer, que au moins durant cette phase historique,les intérêts des pouvoirs laïques et religieux, s'accordaient parfaitement. D'autre part, en 1254, le Recteur du Duché de Spoleto,ordonna à Giacomo, évêque de Gubbio, de ne pas molester, ni les moines de l' ermitage de Fonte Avellana, ni les confrères du monastère de l'Isola dei Figli di Manfredo.
   Ce fut précisément durant la guerre contre Perugia et immédiatement après, que Gubbio construisit deux autres lieux fortifiés importants: Serra Sant'Abbondio (por contrôler la plaine vers Sassoferrato), et Costacciaro.
    Nous connaissons certaines dates sur l'histoire initiale de ce château,surtout grâce à deux affaires civiles qui se développèrent entre la huitième et la neuvième décennie du XIII°siècle. Les actes de ses affaires contiennent des renseignements très intéressants, même s'ils sont déjà en partie connus. De plus, par de nouvelles informations acquises entre temps , ceux-ci nous permettent de reconstruire ce qui s'est passé alors. Entre la fin des années cinquante et le début des années soixante du Deuxième siècle,la commune de Gubbio "incita à la révolte" les habitants de la zone nord-est de son territoire, contre les moines de Fonte Avellana: un mouvement stratégique destiné à donner ses fruits. Une opération telle,que les châteaux de Montesecco (diocèse de Cagli), Lecce (diocèse de Nocera), Campreti,Capitale, Isola dei Figli di Manfredo et Villa sorte (dicèse de Gubbio), tous appartenant -directement ou indirectement- aux Avellanti, furent détruits ou de toute façon en partie endommagés. Les habitants de ces lieux (dont certains furent réparés et reconstruits par les pères de Fonte Avellana après 1265), allèrent peupler Pergola, Serra Sant'Abbondio et Costacciaro.
   La documentation disponible, relative à l'affaire avec le Recteur du Duché de Spoleto, qui par juridiction territoriale, revendiquait à la Curie romaine même la propriété de "Castrum Collis Stazarii", n'est pas univoque sur la date de construction de ce château. Dans les actes émis, les eugubini affirmèrent que Costacciaro avait été édifié - à leur initiative- aux alentours de 1258-1263, par les familles de l'Isola et du Château de l'Isola dei Figli di Manfredo, lesquelles, à l'origine, appartenaient à l'abbaye de Sant'Andrea,qui à son tour dépendait de l'Ermitage de Fonte Avellana. Le château, depuis sa construction en 1280-1285 (période à laquelle remontent les documents de cette affaire),fut toujours sous dominance et dépendance de la commune de Gubbio,ainsi, comme le furent les hommes qui l'habitaient. 
 Pour l'édefication du château, Gubbio a dépensé 15.000 livres de monnaie ravennata.
L'appartenance à la commune de Gubbio, des familles qui autrefois habitaient la villa de Isola, résultait de la conciliation donnée quelques années auparavant par le cardinal Liberto,qui rapporta le consentement du Pontife et l'approbation du Prieur de Fonte Avellana. Avec ce recours, Gubbio entendait repousser la sentence émanant du Recteur du Duché de Spoleto, qui revendiquait au Saint-Siège, la possession des principaux châteaux peu de décennies avant.
  La conciliation du cardinal Liberto à peine rappelé, est très importante. L'affaire remonte au 10 novembre 1265. Avec cette conciliation, on mettait fin à cette sorte de conflit entre Gubbio et Fonte Avellana par la distribution des châteaux desquels on a déjà parlé.Les passages qui concernent l'Isola, sont très intéressants:

- les hommes du château de Isola allaient devoir restituer au monastère avellanita leurs fiefs et leurs propriétés, avant le 13 décembre;

- les hommes de Isola allaient devoir payer 200 livres de monnaie ravennati avant le 13 décembre, pour leur affranchisement:( ils étaient en effet, serfs de la glèbe);
 - la commune de Gubbio, allait devoir faire restituer avant le 6 janvier, la moitié de tous biens communs concédés, en emphytéoses, aux habitants de Isola ou achetés par les ruraux ; le monastère allait pouvoir acquérir l'autre moitié,ou la laisser en emphytéose aux possesseurs;
 - le lieu où s'élevait le château de Isola, allait rester la propriété des avellaniti, qui allaient pouvoir construire des habitations pour leur propres travailleurs;
- les hommes de Isola, après avoir satisfait les conditions sus-rapportées,allaient devenir libres et affranchis, et la commune de Gubbio n'allait pas les accabler de taxes plus élevées, que celles appliquées par le monastère;
- la commune de Gubbio allait être responsable du comportement des hommes de Isola, spécialement en cas de désagrément envers le monastère de Fonte Avellana ou de Sant'Andrea de l'Isola dei Figli di Manfredo.

   Le premier document contemporain qui mentionne explicitement le Château de Costacciaro, remonte au 14 décembre 1265, et concerne un événement assez important. Un certain maître Elia, auditeur général du pape, s'adressait au podestat et au capitaine du peuple de Gubbio, jusqu'à ce qu'ils n'eussent plus oser s'interposer dans l'affaire en cours, entre l'Ermitage de Fonte Avellana et l'abbaye de Sant'Andrea, d'une part, et la commune du château de Costacciaro ("Commune Castri Collistazarii") d'autre part, sous peine d'excommunication! Excommunication, qui en fait,-du moins à ce qu'il semble-, avait déjà frappé les maires de Costacciaro, Ugolino et Bentivoglia pour un précédent litige contre la partie ecclésiastique. L'issue de cette affaire et l'éventuelle révocation de l'excommunication nous sont totalement inconnues. Par contre, nous savons que le 4 octobre 1267, Albertino da Montone, prieur de Fonte Avellana, chargea Forte, camerlingue de l'ermitage, de retirer auprès du maire de la commune eugubine, l'excédent des 200 livres nécessaires à l'affranchissement des habitants de Isola, paiement qui fut acquitté à Gubbio le 21 décembre suivant. D'autres documents intéressants, remontent à septembre 1285, quand la commune de Gubbio ratifia la vente qui lui avait été faite par Filippo "Bennesinne", d'un lopin de terre situé, dans le château,sur lequel avait été construit l'édifice qui abritait la "commune",c'est-à-dire, le siège du capitaine,-toujours élu par les eugubini-, et du conseil des hommes de l'Université du château de Costacciaro. Un document de 1535, atteste que le siège de la commune était alors établi le long de l'avenue principale. S'agit-il peut-être du même édifice du XIIIème siècle?

    Le développement de Costacciaro fut assez rapide, si bien que 20 ans après sa fondation, il y eut de nombreux conflits entre ses habitants, qui tendaient à transformer le versant de Monte Cucco en aires cultivables, et l'abbaye de Sant'Andrea, qui, propriétaire de ces terrains, entendait les utiliser pour les pâturages de ses propres troupeaux; sur cette énième discorde, il existe de nombreux documents publiés dans Carte di Fonte Avellana,et relatifs à certaines dépositions faites par de nombreux habitants du lieu. Les actes de ce énième litige, datables à la périodes 1287-1289, sont très importants, parce qu'ils confirment entre autres, que Costacciaro fut édifié vers la fin des années cinquante et le début des années soixante du XIIIème siècle. Même dans ce cas pourtant, on n'a aucune connaissance de la conclusion du litige, et de plus, vu comment allèrent les choses par la suite, on peut retenir que l'abbaye de Sant'Andrea a été obligée de se plier à ces nouvelles circonstances.
   Dans le contexte de ces avènements, on trouva certains documents se rapportant à la famille Guelfoni, qui à elle seule, - il est bien de le rappeler -, mériterait une étude appropriée. La seigneurie rurale des Guelfoni, fut très importante pour l'histoire de Costacciaro: peu savent d'elle. Ce que nous pouvons dire pour le moment, sur la base de la documentation disponible,c'est que les Guelfoni n'ont jamais exercé aucun pouvoir politique sur Costacciaro. Pour Gubbio, ce château était très important et à égalité avec les autres. (p.e. Pergola, Cantiano, Serra Sant'Abbondio). Elle le gouvernait par l'intermédiaire d'un officier propre (dans ce cas-ci, il s'agissait d'un capitaine), duquel, entre autre, on attendait la convocation du conseil, véritable organe administratif d'autogestion de Costacciaro. Le capitaine était accompagné dans ses propres fonctions par le camerlingue, parfois par un notaire et, à l'occasion, par un maire ou plusieurs. A la tête de l'Université, il y avait quatre conseillers, appelés au XVème siècle, "li quatro o massari". Un document très suggestif et solennel parut le 4 juillet 1274, quand,sur mandat du capitaine Giacomo di Suppolino, le "parlamento seu arenga Communis et Universalis Castri collis stazarii", se réunit à la municipalité pour élire un procureur, "de voluntate dicti parlamenti et ipsum parlamentum totum auctoritatem dicti Capitanei".

 

Traduction du Ada Baldelli - Rabat - Maroc

                                             
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